Angélique marquise des anges - VF - Diffusé le 02/07/20 à 21h05 sur 6TER. Angélique de Sancé vit heureuse au milieu des siens, jusqu'au jour où elle surprend, lors d'une visite chez ses Découvreznos offres Coffret dvd angelique marquise des anges : large sélection de produits au meilleur prix | Livraison gratuite à partir de 25€* | Entreprise française | Paiement 4x possible Angéliquemarquise des Anges (1964) Angelica (aka Angélique marquise des Anges) è un film del 1964 diretto da Bernard Borderie. Trama: La bella Angelica, figlia di un barone di campagna decaduto, viene data in sposa contro la sua volontà a Joffrey de Peyrac, un ricchissimo conte rimasto sfregiato in battaglia, ma che si rivelerà tanto intelligente e RobertHossein. Date et Lieu de naissance : 30 décembre 1927 (Paris, France) . Date et Lieu de décès : 31 décembre 2020 (Essey-lès-Nancy, France) . Nom Réel : Abraham Hosseinhoff. ACTEUR. 111. 44. 22. 1964 Angélique, marquise des anges – de Bernard Borderie avec Michèle Mercier, Jean Rochefort & Giuliano Gemma. Sivous vous êtes contenté de regarder l’affiche du long métrage, peut-être pensez-vous qu' Angélique, marquise des anges est un film érotique dans lequel le personnage principal collectionne les amants. Il n’en est rien. Angélique est tout Succédantà Michèle Mercier et Robert Hossein, Nora Arnezeder, dans le rôle d'Angélique, et Gérard Lanvin, en Joffrey de Peyrac, sont à l'affiche de ce premier remake des films à succès . Tout ce qu'il faut savoir sur le film Angélique, marquise des anges », info actualité, ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZÀ lire aussiPolémique août 2022NostalgieEnquête août 2022Cinéma 17 août 2022Angélique, marquise des anges est un film français de Bernard Borderie sorti en décembre 1964, avec Jean Rochefort, Michèle Mercier et Robert principauxJean Rochefortl'avocat François DesgrezMichèle MercierAngéliqueRobert HosseinJoffrey de PeyracJean-Louis Trintignantle poète 1La série Angélique — constituée de cinq épisodes tournés entre 1963 et 1966 [1] — a connu, depuis sa création, un immense succès populaire et commercial. Succès en salles d’abord au moment de la sortie des films, mais surtout succès télévisuel considérable. Depuis la fin des années 1970, en effet, la série fait régulièrement l’objet de rediffusions [2]. La fréquence de ces multiples passages télé [3] — outre qu’elle témoigne d’un réel engouement transgénérationnel pour le personnage et ses aventures — relayée ensuite par la vente de nombreux et très rentables produits dérivés vidéocassettes d’abord puis, depuis quelques années, coffrets DVD, affiches originales, photographies, a fait de cette série un monument incontournable du cinéma populaire commercial en France, mais aussi à l’étranger. La série Angélique fait d’ailleurs l’objet d’un authentique culte et Michèle Mercier — son incontournable actrice phare — est devenue une véritable icône [4]. En témoigne aujourd’hui la centaine de sites internet, sur les cinq continents, qui sont dédiés à la comédienne et aux films [5]. En témoigne aussi la réapparition périodique de l’actrice dans les médias dans son rôle de martyre » du cinéma français sur le mode Angélique a ruiné ma carrière et ma vie de femme [6] » et du personnage dans la vie culturelle française [7] — à l’image du show Angélique monté par Robert Hossein et Alain Decaux au Palais des Sports de Paris en 1995 [8]. En témoignent enfin les rocambolesques aventures et invectives diverses entre acteurs, auteurs, producteurs et éditeurs — notamment par voie de presse et de justice — qui ponctuent l’histoire d’Angélique, depuis sa création sous la plume d’Anne Golon dans les années 1950, sur fond de partage conflictuel de l’énorme manne financière qui découle de son formidable succès commercial international [9]. 2L’ensemble de ces ingrédients, à lui seul, pourrait déjà expliquer la place singulière que tient la série Angélique, en France, dans le paysage cinématographique et l’industrie du spectacle. Mais si la pérennisation d’un succès acquis en salles doit beaucoup à la régularité de la diffusion télévisuelle de masse et aux différentes affaires », plus ou moins ragoûtantes, qui entourent les films et leurs différents protagonistes artistiques et commerciaux, ce dernier est aussi lié à la puissante alchimie qui se dégage de la série. Construite à partir d’une bonne histoire qui prend racine dans le grand siècle de Louis XIV [10] — époque éminemment romanesque — filmée en technicolor, dans des décors naturels somptueux dont Versailles par Bernard Borderie, la série des cinq épisodes d’Angélique est aussi portée par la fine fleur des comédiens français [11] qui s’emparent, souvent avec bonheur, des dialogues ciselés par Daniel Boulanger. À cela s’ajoute, dans un contexte de production bien particulier — celui du début des années 1960 —, l’attrait incontestable du personnage d’Angélique de Sencé de Monteloup femme tout à la fois sensuelle et amoureuse, combative et imaginative, intelligente et amusante qui propose une image positive et valorisée de la féminité à laquelle de nombreuses femmes peuvent ou souhaitent s’identifier. 3La série repose, en effet, sur un savant mélange d’exotisme aventureux et d’érotisme soft, mais assumé — porté par une héroïne rebelle et émancipée, y compris professionnellement et sexuellement, qui n’hésite pas à dévoiler fièrement sa nudité devant les caméras et dont les très nombreuses relations extraconjugales [12] doivent être prises comme un des signes avant-coureurs de la libération sexuelle [13] » et du droit des femmes à disposer de leur propre corps. Au total, un parfum suave d’interdit et de transgression qui marque suffisamment les esprits pour faire de la série Angélique un marqueur social particulièrement intéressant à étudier. La popularité légendaire des films et leur immense succès commercial permettent, du reste, de questionner avec pertinence la nature des discours produits à l’époque et véhiculés encore aujourd’hui et de tenter d’en jauger l’impact sur un — toujours — très large public transgénérationnel. 4C’est particulièrement le cas en ce qui concerne la récurrente et problématique question de l’altérité dont l’un des films au moins, Angélique et le Sultan, traite directement et exclusivement. Pour des raisons évidentes liées au nécessaire renouvellement de l’intrigue, Angélique est souvent confrontée, en France et à l’étranger, à un certain nombre d’aventures romanesques et exotiques. Dans ce xviie français si furieusement empreint des fastes ampoulés de la société de cour qui sert de trame aux films, les références à un Orient déjà présenté comme l’envers sociologique de l’Occident [14], mais où les turqueries » ne sont pas encore devenues, dans la foulée de la traduction des Mille et Une Nuits par Antoine Galland 1704, une mode » comme au xviiie siècle [15], sont légion. Ce sont ces nombreuses références — qui disent autant la fascination que la répulsion — qu’il s’agit ici d’inventorier et d’analyser pour comprendre en quoi la série Angélique peut servir, auprès des très nombreux spectateurs et téléspectateurs qui la regardent, de véhicule à des images stéréotypées des Orientaux et à une vision réductrice et souvent ambiguë de l’Orient. L’Orient comme décor et l’Afrique comme exutoire des pulsions primitives 5Dans Angélique, Marquise des Anges, premier épisode de la série, l’Orient est d’abord un décor et c’est en tant que tel qu’il impose vraiment sa présence troublante [16]. À l’image des tableaux orientalistes de Jean-Auguste Ingres, où l’Orient est simplement convoqué comme un territoire exotique et sensuel [17], le film installe une ambiance » orientale à travers une panoplie traditionnelle d’accessoires et de représentations [18]. Ainsi en va-t-il, par exemple, de la scène de bain — cliché récurrent de la peinture orientaliste du xixe siècle qui sert visiblement de référent esthétique au film [19] — avant la nuit de noces d’Angélique. Cette dernière, dénudée par ses domestiques noires, se glisse ainsi dans une baignoire creusée, comme en Orient, à même le sol — un voile [20] sîtr camouflant encore symboliquement sa nudité. Quand le rideau s’ouvre, Angélique apparaît de dos, telle la splendide odalisque [21] de Jean Lecomte du Nouÿ [22], entourée de trois servantes. La première tient ses cheveux qui ne doivent pas être mouillés ; la seconde verse, dans l’eau de son bain, un onguent précieux ; la dernière enfin la lave avec douceur et application. Pendant toute la scène et jusqu’à ce qu’Angélique se retrouve vêtue de sa chemise de nuit dans son lit, aucune de ses servantes ne prononce le moindre mot. Muettes et interchangeables — à l’image de l’uniforme seroual, petit haut découvrant largement le nombril et turban pour dissimuler la chevelure qu’elles portent toutes indistinctement — les domestiques noires ne s’expriment qu’à travers les gestes de la vie quotidienne qu’elles pratiquent mécaniquement et par les révérences très marquées qu’elles adressent à la comtesse de Peyrac. 6Derrière la scène orientaliste, révélée par le systématisme de l’opposition maîtresse blanche/domestiques noires, se profile une démonstration que ne renie pas, loin s’en faut, l’imagerie coloniale et postcoloniale. Clairement identifiées comme des seconds rôles, les femmes noires sont au service » d’Angélique et lui doivent donc totale obéissance. Le fait que cette dernière soit totalement nue et que ses domestiques soient toutes habillées n’est pas non plus anodin. Il y a une correspondance visuelle évidente entre la différence raciale, le pouvoir hiérarchique et le fantasme sexuel [23]. Quand elles ne sont pas en train de remplir les fonctions de leur condition subalterne, les domestiques noires sont d’ailleurs présentées comme soumises à l’atavisme ancestral de leurs pulsions primitives comme le montre très précisément la scène de la nuit de noces. 7Ayant en effet été rejeté par sa très jeune et très belle épouse, Joffrey de Peyrac Robert Hossein quitte précipitamment la chambre de sa femme. Dès son départ, résonnent, dans la noirceur de la nuit, les tam-tam du Vaudou. Angélique, se levant de son lit et se rendant à son balcon, découvre en contrebas, horrifiée, les serviteurs noirs de son mari chantant, autour d’un feu de joie, une étrange mélopée en une langue étrangère alors qu’une de ses propres domestiques, apparemment en transe, danse frénétiquement les seins dénudés. Arrive Peyrac, accompagné de Kouassi-Ba Black Salem son fidèle serviteur qui lui ouvre le chemin, dans l’obscurité menaçante, grâce au candélabre qu’il tient à la main. L’aspect inquiétant de la scène est encore accentué par l’alternance de gros plans sur les joueurs de tam-tam ânonnant leur chant lancinant et sur Joffrey de Peyrac, se livrant à des rituels alchimiques, derrière un rideau de flammes. 8À l’exception notable de Kouassi-Ba [24] — qui a délivré Peyrac des Arabes qui l’avaient fait prisonnier en Méditerranée après avoir coulé son bateau et qui entretient avec lui une relation particulière apparemment faite de confiance et de respect — tous les Africains de la série sont donc exclusivement présentés, dans des mises en scènes soignées à l’orientalisme esthétisant, comme des domestiques interchangeables » des blancs. Le plus souvent à l’arrière-plan des nombreuses scènes où leur présence est nécessaire par exemple pendant le banquet donné par le comte de Peyrac en l’honneur de sa jeune épouse où pour chaque convive assis, on trouve, debout, un domestique noir habillé à l’orientale, les serviteurs noirs confortent, par leur statut servile [25], une hiérarchisation sociale des races qui s’imprime évidemment, à force d’être continuellement et banalement répétée, chez les spectateurs et téléspectateurs. Joffrey de Peyrac et l’alchimie musulmane [26] 9Pourtant, le comte de Toulouse est présenté comme un homme étonnamment moderne », à l’esprit large et aux idées non conformistes. Ennemi des fanatiques — c’est un parpaillot qui a dû fuir les persécutions religieuses — et des inquisiteurs — sa maison est un asile pour les érudits de toutes nationalités menacés d’arrestation et d’exécution [27]—, c’est aussi un savant émérite dont la réputation dépasse les frontières du royaume de France. Faisant visiter sa mine de plomb de Salsigne [28] à Angélique, il lui présente ainsi ses différents contremaîtres et les savoirs qu’il a reçus d’eux En Chine, j’ai appris la chimie et l’astronomie. Aux Indes, l’art des poisons et des contrepoisons. Chez les Arabes, l’algèbre… » A priori, cette capacité de Joffrey de Peyrac à courir le monde » pour accumuler des connaissances encyclopédiques et constituer des réseaux de relations fait de lui une figure hybride positive, bien qu’anachronique, moitié homme éclairé du xviiie siècle et moitié individu cosmopolite du xixe siècle. Au-delà de la figure atypique et sympathique du comte de Toulouse, demeure, cependant, un problème récurrent rencontré tout au long des cinq épisodes et exemplifié par la question de l’alchimie musulmane [29]. 10En Orient, patrie de Jâbir Ibn Hayyân [30], de Abû al-Qâsim al-Irâqî [31] et de Abd Allah al-Jaldakî [32], Peyrac — pourtant systématiquement présenté comme un alchimiste chevronné — n’aurait donc appris que les mystères des mathématiques et non pas élucidé l’énigme de la pierre philosophale et découvert le secret de la coupellation de l’or. Selon lui, en effet, ce serait Fritz Auer un homme originaire de Saxe qui lui aurait donné » la technique de la coupellation à son retour d’un voyage en Russie. On comprend mal la nécessité de ce subterfuge abracadabrant du scénario, sauf à penser qu’il est plus souhaitable » que Joffrey de Peyrac ait obtenu son secret d’un Saxon dépositaire d’un rationalisme scientifique occidental que d’un Oriental au mysticisme suspect. 11Apposons d’abord en préambule que l’alchimie musulmane n’est pas une étape transitoire », entre le patrimoine gréco-byzantin et la modernité » occidentale, de la discipline — elle en est tout simplement le cœur, tant sur le plan technique que sur le plan spirituel. C’est en effet le monde islamique qui a créé les genres, les concepts et le vocabulaire alchimiques [33] et qui a produit un savoir homogène réel, bien différent des balbutiements de l’art sacré » hiéra technè de l’Antiquité. Pourquoi dès lors nier, en faisant d’un Saxon le détenteur d’un secret qui se trouve pourtant au centre des savoirs et des rituels [34], la place incontournable de l’alchimie musulmane dans l’histoire de la discipline ? Et pourquoi, de surcroît, la réduire, et d’une manière si archétypale, à un versant profane — voire vénal — en gommant systématiquement toute référence ésotérique et mystique ? Pour Joffrey de Peyrac, et bien que ce dernier reconnaisse implicitement le patrimoine intellectuel de l’Orient et de l’Extrême-Orient en le tenant tout de même sous contrôle » de la modernité scientifique occidentale et de son mercantilisme, la coupellation devient ainsi seulement prétexte à générer une formidable fortune, une sorte de taylorisme du lingot », et à entretenir le statut social qui en découle. L’or, c’est le nerf de la guerre » se plaît-il à répéter. C’est en effet grâce à son incommensurable richesse que Joffrey de Peyrac peut mener son combat pour la liberté et sa croisade contre les despotismes [35]. Une barbarie » d’État présentée de manière asymétrique et caricaturale 12Particulièrement visé par sa vindicte, l’absolutisme royal de Louis XIV. Embastillé sur lettre de cachet car représentant, selon les propres termes du roi, un État dans l’État [36] », le comte de Toulouse a perdu son titre, sa fortune et sa femme. Traqué par les agents de Louis XIV après son évasion à la fin d’Angélique, Marquise des Anges, il se réfugie en Méditerranée où, sous le nom du Rescator, il mène des actions de piraterie contre la marine de guerre du roi [37]. Ennemi politique de Joffrey de Peyrac [38], Louis XIV n’est cependant jamais vraiment associé, au contraire des princes musulmans, à la barbarie » d’État. Là encore, entre l’autocratie civilisée » du roi de France et le despotisme sauvage » du Makhzen [39], conjointement partagé par Bachtiari Bey [40] Sami Frey — ambassadeur de Perse à Versailles [41] — et par Moulay Rachid [42] Ali Ben Ayed, sultan de Miquenez, il n’y a pas de symétrie dans la critique. 13À l’image de la scène de supplices d’Angélique et le Roy où la marquise de Plessis-Bellière rencontre symboliquement, pour la première fois, l’ambassadeur de Perse. Le lieu de leur rendez-vous la place où l’on exécute les condamnés à Suresnes et la nature de l’activité qui les y conduit assister au spectacle » d’un homme roué vif pose ainsi le cadre de leur relation et induit immédiatement, entre eux, un double rapport de force femme occidentale/homme oriental [43]. Point n’est besoin de mettre l’accent sur l’horreur des tourments appliqués aux condamnés sous l’Ancien Régime — Michel Foucault l’a amplement montrée en rapportant la description minutieuse de la mort lente et douloureuse de Damiens [44] —, ce qui compte ici beaucoup plus que le supplice en lui-même, c’est la réaction de Bachtiari Bey face à l’exécution. Or, entre ses questions sur la manière de faire afin que le patient souffre le plus possible » et sa demande de réitérer la peine sur un membre de sa garde personnelle après la mort du condamné au prétexte qu’ayant été interrompu par Angélique, il ne pourra pas le raconter, ni le recommander au shah [45] », ce dernier est d’emblée présenté comme un pervers sadique, un être bestial » et primitif » soumis à la violence de ses instincts et de ses passions. Cette première impression est ensuite confirmée par la conversation qu’il entretient avec Angélique dans ses appartements. Ainsi, parlant à cette dernière du jésuite qui a été son précepteur pendant dix ans et lui a appris le français, il précise pour expliquer sa mort brutale Je l’ai poussé par jeu dans la fosse aux lions, ils n’en laissèrent rien… Il m’avait fouetté… Pour une version latine que j’avais adaptée un peu trop librement. Or je déteste tout particulièrement les coups que je ne peux pas rendre… » 14Si Bacthiari Bey est décrit comme un pervers sadique, Moulay Rachid, le sultan de Miquenez [46] est, lui, désigné comme le prototype — il est commandeur des croyants [47] — du fanatique sanguinaire. Dans ce cadre encore, pas de symétrie avec les persécutions religieuses exercées contre les protestants, en France, et dont les dragonnades et la révocation de l’édit de Nantes 1685, à peine évoquées, sont pourtant, à l’époque qui nous occupe, le denier avatar tragique [48]. Persécutions qui s’opposent d’ailleurs très nettement au statut reconnu des gens du Livre Ahl al Kitab et des protégés » Ahl ad Dhimma en terre d’Islam [49]. Si guerre de religion il y a, c’est donc toujours dans une confrontation attendue — posée dans un continuum de violences allant des croisades [50] jusqu’à la chute d’Al Andaluz — entre l’islam et la chrétienté. Dans le quatrième épisode de la série, Indomptable Angélique [51], cette confrontation anhistorique est matérialisée dans la course, présentée comme un djihâd contre les infidèles » — comme le montre la lutte sans merci à laquelle se livrent les réales du roi [52] et les chebecs [53] barbaresques [54] — autant que comme une ressource économique à travers le très lucratif marché de la traite [55]. Quant au statut et à la place des captifs chrétiens — revendus, après avoir été razziés sur les côtes ou sur les navires, à Candie [56], Alger ou Salé — ils permettent de mettre en scène l’intolérance » religieuse des musulmans [57] et leur obsession » de conversion des chrétiens [58]. L’esclave chrétien et le sultan une relation interconfessionnelle complexe ? 15Avec Angélique et le Sultan, on entre d’ailleurs véritablement pour la première fois dans le Dar al Islam, comme le montre symboliquement la voix du muezzin appelant, à plusieurs moments clés du film, les croyants à la prière. L’adhan caractérise, en effet, la présence hégémonique de l’islam dans la cité et par extension, dans le cas qui nous occupe, la mise au pas des chrétiens nasrani à travers leur traditionnel bras armé dans la région, les chevaliers de Malte [59]. Ce que montre Angélique et le Sultan donc, c’est une situation de force qui tourne très nettement à l’avantage des musulmans. Au xvie siècle et au xviie siècle d’ailleurs, les pirates barbaresques sont maîtres de la Méditerranée malgré d’incessantes expéditions espagnoles et françaises pour tenter de réduire leur influence [60] et de nombreux traités visant à permettre aux navires chrétiens d’y naviguer en paix. La France de Louis XIII dépêche ainsi, en 1628, l’ambassadeur Sanson Napollon pour signer avec les Turcs un accord visant à faire respecter à ces derniers sa flotte et son littoral [61]. Plus de soixante ans plus tard, en 1690, le Dey Hadj-Chaaban impose un nouveau traité à Louis XIV matérialisant ainsi la place incontournable d’El Djezaïr dans la course et son incontestable puissance [62]. 16À Alger, en effet, convergent alors tous les aventuriers de la mer et la foule des renégats » prêts à se livrer au plus fort ou au plus offrant. Depuis la prise de la ville par le pirate Aroudj Barberousse [63] et son éclatante victoire, en 1516, contre l’Armada espagnole du cardinal de Ximenès [64], El Djezaïr se gonfle d’ailleurs de richesses et d’hommes. Grande cité cosmopolite en constante ébullition, Alger compte en 1634, selon Pierre Dan qui le rapporte [65], 15 000 maisons pour 100 000 habitants [66] à l’origine ethnique et confessionnelle diverse [67]. Dans ce melting-pot d’Arabes, de Berbères, de Turcs, de Koulouglis, de Maures, de Juifs, de Noirs, de Haratîn, s’interposent en effet — outre les communautés franques chrétiens d’Occident et rûms chrétiens d’Orient de vieille implantation — des milliers de captifs attendant de réunir leur rançon pour être libérés ou bien d’être simplement revendus comme esclaves [68]. À noter que pendant une courte période de son histoire [69], El Djezaïr est d’ailleurs dirigée par des raïs [70] qui, pour la plupart, sont des chrétiens convertis. Certains de ces renégats [71] », qui peuvent être d’anciens esclaves affranchis ou des hommes libres qui fuient leur pays et viennent trouver refuge dans la capitale de la course, servent donc sous le drapeau ottoman sans être turcs et se retrouvent souvent à des postes extrêmement élevés de la hiérarchie sociale. C’est le cas par exemple, dans Indomptable Angélique et Angélique et le Sultan, du personnage de Mezzo-Morte [72] Arturo Dominici. Pourvoyeur officiel du harem du sultan de Miquenez, ce dernier, tout en se définissant comme simple commerçant », est probablement un chrétien d’origine italienne converti à l’islam qui a fait fortune dans la ville blanche comme le montre le luxueux palais maure dans lequel il vit et tient prisonnière Angélique avant de la remettre entre les mains d’Osman Ferradji Jean-Claude Pascal. 17C’est donc dans ce contexte bien particulier — où les identités raciales, sociales et religieuses sont souvent moins tranchées qu’il n’y paraît — qu’il convient d’analyser la relation singulière que Moulay Rachid, sultan de Miquenez, entretient avec le chef de ses esclaves chrétiens, Colin Paturel [73] Helmut Schneider. À première vue, cette relation » est somme toute assez typique de ce qu’on attend d’une confrontation classique islam/chrétienté. À cet égard, l’arrivée d’Angélique à Miquenez est donc emblématiquement marquée par la présence d’un Colin Paturel mis en croix [74] en pleine fournaise aux portes de la ville du sultan. Là encore, la représentation vise surtout à marquer les esprits et à faire de l’islam une religion de fanatiques sanguinaires [75] ». Or, contre toute attente, la suite du film offre une vision beaucoup moins tranchée. Dans une scène assez étonnante, dont le théâtre est une arène antique, Colin Paturel qui doit être supplicié dévoré par un tigre échappe au châtiment en utilisant la ruse. Le Sultan, loin d’être blessé d’avoir été trompé et ridiculisé en public, fait preuve alors d’une étrange tolérance envers lui et semble même disposé à lui pardonner beaucoup en échange de sa conversion. Entre les deux hommes existe donc une certaine connivence [76] qui semble pourtant circonscrite à leur appartenance confessionnelle [77]. On voit bien que si le mahkzen — ici figuré par le sultan de Miquenez — protège » son esclave chrétien, c’est bien dans le cadre d’un double statut discriminatoire qui se trouve sous contrôle d’une loi musulmane dominatrice. En même temps, il est probable que Moulay Rachid, qui semble vraiment apprécier Colin Paturel, souhaite voir changer la nature de leur relation. 18En se convertissant à l’islam, l’esclave chrétien échappe en effet à sa condition servile [78] et, en entrant dans l’oumma, devient membre d’une communauté où il pourra gravir les échelons de la hiérarchie sociale et devenir vraiment le favori du prince. Ce qui, apparemment, ne déplairait pas à Moulay Rachid [79]. En dehors de cette relation » singulière — liée à une situation de grande proximité » qui oscille pourtant constamment entre attraction et répulsion [80]— Moulay Rachid est systématiquement présenté comme un prince cruel et despotique [81]. Derrière le portrait au vitriol de l’homme apparaît alors un discours disqualifiant sur le politique en Orient. Disqualifier le prince et l’action politique 19Tout au long d’Angélique et le Sultan, en effet, Moulay Rachid est dépeint comme un individu instable et capricieux. À l’arrivée d’Osman Ferradji à Miquenez, le roi brûle » ainsi de voir — au point de rejoindre le grand maître de son harem à cheval aux portes du désert — ce que ce dernier lui a ramené. Pendant toute la scène d’ailleurs, il semble n’être pas capable de tenir en place, agité par une sorte de frénésie infantile qui culmine au moment où il découvre, fasciné et enfiévré, le pur-sang anglais qu’Osman a acheté pour lui à El Djezaïr [82]. Présenté dans une attitude totalement immature — il s’extasie, comme un enfant, devant une montre qu’il presse symboliquement contre son oreille pour en entendre jouer le mécanisme —, Moulay Rachid est aussi décrit comme un être insatiable » toujours en demande de surprises inespérées ». Livres, objets, chevaux, femmes, tout est bon pour assouvir son besoin compulsif d’accumulation de biens et de richesses. C’est d’ailleurs sa soif de l’or — car Moulay Rachid est aussi, suivant en cela une typologie attendue, envieux et cupide [83] — qui lui fera échanger », à l’extrême fin du film, Angélique contre le secret de la coupellation de Peyrac [84]. 20Pour canaliser ce prince au sang chaud », colérique et exalté, Osman Ferradji propose d’ailleurs à la marquise de Plessis-Bellière une alliance [85] ». On se trouve ici devant une image familière de la représentation du politique en Orient où le sultan est toujours en butte aux intrigues complexes d’un harem — symboliquement figuré par le lien qui unit souvent la favorite en titre au grand eunuque — qui fragilise son pouvoir [86]. 21Ayant refusé l’alliance au prétexte de son amour » pour le Rescator, Angélique est cependant livrée » au désir sexuel du sultan. S’impose alors un autre topos de la représentation, le prince qui dispose, comme marque de son pouvoir absolu, d’un droit exclusif à une jouissance sexuelle exceptionnelle dans un lieu spécifique de l’échange le harem [87]. Surhomme à la virilité triomphante — possédant un capital » d’amour phénoménal auprès de ses sujets et de ses femmes [88] — il est en même temps dépeint comme asservi » à ses passions. Comme le précise Osman Ferradji à Angélique, le sultan est toujours en péril de tomber sous la coupe d’une cervelle fragile et mesquine [89] ». À cette image classique du despotisme oriental se superpose, de surcroît, une vision plus coloniale de la sexualité du sultan où Angélique n’est pas seulement une femme désirée et désirable, mais la marquise de Plessis-Bellière qui fut la bien-aimée du roi de France. Ici donc, il ne s’agit pas seulement de mettre en scène le fantasme récurrent, dans les harems orientaux, de la belle captive blanche mais bien de montrer un rapport de force Orient/Occident qui transite par la possession des femmes des autres [90]. 22Or, ce rapport de force s’exerce au détriment du sultan qui, ayant tenté de violer » Angélique plutôt que de la séduire, ne peut arriver à ses fins. Impuissant à se faire aimer » de cette aristocrate occidentale, le sultan choisit donc le viol pour essayer de réduire sa résistance [91] ». Ce faisant, il tend à faire de la violence sexuelle — à l’opposé de l’ars erotica oriental — une marque de fabrique de la sexualité des hommes de pouvoir en Orient [92]. Ce qui l’oppose singulièrement à la figure positive d’Osman Ferradji dont la sensualité raffinée semble consubstantiellement liée à son statut d’homme incomplet ûsfan ed-dâr [93]. En somme, Angélique et le Sultan impose une équation simple à l’efficacité redoutable plus l’Oriental est en situation de pouvoir, plus il est violent et antipathique Moulay Rachid ; moins il est puissant » notamment sexuellement, plus il est raffiné et sympathique Osman Ferradji. 23Disqualifié moralement et politiquement par sa violence sexuelle et son amour de l’or, Moulay Rachid est alors logiquement figuré comme un grand enfant » turbulent et instable dont il faut nécessairement guider » l’action politique. Pourtant, ni le sultan de Miquenez ni son successeur, Moulay Ismaïl — fondateur de la dynastie alawite encore au pouvoir aujourd’hui au Maroc — ne peuvent être considérés comme des princes sans vision politique. Bâtisseurs d’un Maroc moderne » — ils sont les représentants d’un État capable d’innovations, ouvert à l’extérieur et coordonné à l’intérieur [94]. Ces derniers sont donc aux antipodes de l’image produite et diffusée par la série qui les assimile, dans une altérité radicale avec la modernité » occidentale, à l’archaïsme » politique, économique et religieux. À travers le personnage de Moulay Rachid, le film Angélique et le Sultan impose donc surtout, dans une typologie de l’Arabe » toute coloniale, la représentation du musulman cruel » et fourbe » au cimeterre tournoyant, coupeur » de têtes et violeur » de femmes blanches. 24Sortie trois ans après la signature des accords d’Évian, dans un contexte encore très largement imprégné de l’exode massif des pieds-noirs » et du violent traumatisme de la guerre d’Algérie, la série Angélique est profondément inscrite dans une idéologie et une imagerie coloniales marquées par la prégnance d’un diptyque répulsion/fascination récurrent et fondateur. Répulsion pour un Orient musulman [95] pensé et figuré — dans une méconnaissance générale, visiblement revendiquée, qui entretient la diffusion des stéréotypes les plus triviaux, notamment auprès d’un large public peu averti [96] — comme irréductiblement antinomique des valeurs fondatrices de l’Occident chrétien. Un Orient lascif », fanatisé » et violent » — retranché des sphères modernes » du savoir et du politique — qui représenterait toujours, aux portes de la Méditerranée, un péril » imminent, une menace de djihâd et dont il faudrait d’autant plus se garder qu’il continuerait de susciter, dans le même temps, une étrange, profonde et irrésistible fascination. 25En Orient, en effet, monde fabuleux où vivent les jnouns, on traverse des mers de sable grâce aux chevaux du désert » pour accéder à des oasis improbables et des ksours mystérieux [97] et l’on pénètre dans des grottes sous-marines cachées dont les plaisirs de la chair sont le secret [98]. Comme image inversée de l’Occident, mais aussi et surtout comme espace mythique de contamination », l’Orient est donc perçu et dépeint autant comme un mirage » fantasmatique que comme un danger » réel dont il faut — à défaut de pouvoir le plier à sa loi ou le réduire — se démarquer le plus possible. À l’image de la dernière scène d’Angélique et le Sultan qui clôt symboliquement la série, où Joffrey de Peyrac et Angélique s’éloignent à jamais, dans le bateau du Rescator, des rives de la Méditerranée [99], tournant ainsi résolument le dos aux côtes de barbarie ». Notes [1] Angélique, Marquise des Anges et Merveilleuse Angélique sortent en 1964 ; Angélique et le Roy en 1965 ; Indomptable Angélique et Angélique et le Sultan en 1967. Tous les films sont mis en scène par Bernard Borderie. [2] À noter que depuis une dizaine d’années, ce n’est plus le cas. Angélique a en effet pâti de la nouvelle mode des séries de l’été » dont le dernier avatar, Zodiaque, est diffusé en juillet 2004 sur TF1. [3] Pendant les années 1980, la série Angélique était diffusée une fois par an. [4] Le personnage d’Angélique semble consubstantiellement lié à l’actrice qui s’en est ouverte dans trois livres Angélique à cœur perdu, Carrière, 1987 ; Angéliquement vôtre, Delirius, 1996 et Je ne suis pas Angélique, Denoël, 2002. [5] Voir notamment wwwwww. marquisedesanges. fr [6] Par exemple, un très récent Vie privée, vie publique, émission présentée par Mireille Dumas et rediffusée le mardi 20 juillet 2004 dont le thème Mon image me colle à la peau » laissait une large place à Michèle Mercier. [7] Comme topos de la femme émancipée et sulfureuse », Angélique est devenue une référence » et se retrouve donc sous les plumes les plus diverses. Ainsi, dans un article récent du journal Technicart consacré à la culture SM, l’auteur s’extasiait, rêveur, sur les cuissardes d’Angélique… » [8] Ce spectacle annoncé — à grand renfort de chiffres 7 milliards de francs de budget ; 47 tableaux et 100 comédiens ; 450 costumes — comme l’événement culturel de la rentrée 1995 a marqué l’avènement d’une nouvelle Angélique » en la personne de l’actrice Cécile Bois. Cet avènement » qui a fait couler beaucoup d’encre à l’image des nombreux articles publiés entre juillet et octobre 1995 dans la presse a immédiatement débouché sur une polémique entre Michèle Mercier et Robert Hossein. À l’origine des hostilités, un article de Paris Match de juillet 1995 intitulé Hossein ma nouvelle Angélique » où Robert Hossein précise ne pas vouloir froisser Michèle Mercier », mais indique tout de même au passage que cette dernière n’est plus, depuis 1995, l’unique » Angélique. [9] Depuis 1996, Anne Golon multiplie ainsi les procès contre une société du groupe Hachette pour empêcher les pillages et les contrefaçons de ses livres notamment en Europe de l’Est et en Russie où leur succès ne se dément pas. [10] Les cinq films sont tirés des livres d’Anne Golon. Le premier opuscule paraît en 1957 sous le titre Angélique, Marquise des Anges. Suivront 13 autres tomes des aventures d’Angélique jusqu’à La Victoire d’Angélique publié en 1985. La suite des aventures d’Angélique est en préparation… [11] Et notamment Robert Hossein, Jean Rochefort, Claude Giraud, Jean-Louis Trintignant, Sami Frey, Jean-Claude Pascal, Jacques Santi… [12] En dehors de sa bigamie ! En effet, croyant son premier mari Joffrey de Peyrac mort, Angélique s’est remariée, à la fin du second épisode de la série Merveilleuse Angélique et après de nombreuses péripéties amoureuses et sexuelles, avec Philippe de Plessis-Bellière son cousin et amour de jeunesse. [13] À noter que la série Angélique s’inscrit dans un mouvement » qui commence, dans le cinéma français, avec des films comme Et Dieu créa la femme de Roger Vadim 1957, Les Tricheurs de Marcel Carné 1958… [14] À noter que les Orientaux définissent les Occidentaux en des termes similaires comme l’écrit cet ambassadeur turc contemporain de Louis XIV Les Francs ne ressemblent pas plus aux Turcs que la nuit ne ressemble au jour. Quand nous entrons dans un appartement, nous ôtons nos chaussures et gardons la tête couverte. Les Francs, eux, gardent leurs souliers et enlèvent leurs chapeaux. Nous laissons croître nos barbes et rasons nos cheveux. Ils laissent croître leurs cheveux et rasent leurs barbes. Nous écrivons de droite à gauche, ils écrivent de gauche à droite. Nous mettons les tapis sous les tables, ils les mettent dessus… Bref, mettez un Turc la tête en bas, les pieds en l’air, vous aurez un Franc. » Cité par Daniel Rivet, Le Maghreb à l’épreuve de la colonisation, Paris, Denoël, 2002, p 26. [15] Sur cette question, voir le chapitre l’attrait de l’Orient », Lynne Thornton, La femme dans la peinture orientaliste, Paris, ACR Éditions, 1993, p. 4-19. [16] On retrouve des références à l’Orient, par touches impressionnistes, dans l’ensemble du film, qu’il s’agisse par exemple de l’architecture de la demeure du comte patio et fontaine semblables à ceux d’une maison maure ou d’une attraction prière d’Isis à la fête du Pont-Neuf lorsqu’Angélique est prise en charge par les bandits de la Cour des Miracles et son ami d’enfance Calembredaine Guiliano Gemma… [17] À l’image de son Bain turc 1862. [18] Edward W. Said, L’orientalisme. L’Orient créé par l’Occident, Paris, Le Seuil, 1980. [19] Voir Christelle Taraud, Femmes orientales dans la photographie coloniale, 1860-1910, Paris, Albin Michel, 2003. [20] Sîtr ce qui est privé, ce qui doit être caché. Un des principes fondateurs de l’organisation des sociétés orientales traditionnelles. [21] Vient du turc Oda qui veut dire chambre. Littéralement, les odalisques peuvent être des femmes de chambre » ou des esclaves de lit » l’un n’excluant pas l’autre. [22] Voir notamment son magnifique tableau L’Esclave blanche 1888. [23] Ici, se référer au chapitre La prostituée indigène », archétype de la femme fantasmée », Christelle Taraud, La prostitution coloniale, Algérie, Tunisie, Maroc 1830-1962, Paris, Payot, 2003, p. 291-297. [24] Kouassi-Ba est le seul domestique noir du comte que l’on entend parler. À noter cependant qu’il est présenté comme s’exprimant peu et mal en français dans une scène très courte au moment où le comte ayant été arrêté par les hommes du roi, Kouassi-Ba, blessé, revient pour prévenir Angélique où il ne dispose que de quelques dialogues brefs. Pour le reste, c’est surtout par sa présence imposante et protectrice qu’il intervient dans Angélique, Marquise des Anges. Kouassi-Ba est donc le prototype même du bon noir » ou/et du bon sauvage ». [25] Ce sont d’ailleurs tous d’anciens esclaves rachetés par le comte de Peyrac à Candie, Alger ou Salé, qui sont à l’époque les grandes plaques tournantes de la traite méditerranéenne. [26] J’emploie à dessein le terme d’alchimie musulmane » plutôt que celui d’alchimie arabe » en tenant compte du fait que même si la langue commune est l’arabe, tous les alchimistes ne sont pas forcément d’origine arabe. Ainsi, la discipline a beaucoup évolué au contact des savants persans. C’est d’ailleurs en Iran que l’on trouve encore, au xixe siècle et au xxe siècle, l’activité alchimique la plus vivace. [27] Lui-même sera d’ailleurs jugé et condamné dans un procès pour sorcellerie qui le conduira, à la fin d’Angélique, Marquise des Anges, à être brûlé en place de Grève sur un bûcher de l’Inquisition. Sauvé en catimini par le roi, il s’enfuira de Paris et deviendra pirate en Méditerranée sous le nom de Rescator. [28] Situé dans le Massif central, le site minier de Salsigne dispose en effet de fer, d’or et de plomb. [29] Dans Angélique et le Sultan, on retrouve un autre exemple similaire. Osman Ferradji, grand maître du harem du roi de Miquenez, propose à Angélique de lui faire tailler des robes dans de la soie de Lyon, industrie alors encore balbutiante en France. Or, la scène se passe à Alger où l’on fabrique déjà l’une des plus belles soies artisanales du monde. Là encore, comme pour l’alchimie, il y a volonté de nier les techniques et les savoirs orientaux dans le dessein de valoriser la production occidentale. [30] Jâbir Ibn Hayyân, dit Al Soufi, est le plus grand alchimiste arabe. Il est l’auteur d’une œuvre gigantesque, connue sous le nom de corpus jabirien », qui compte plusieurs milliers de traités. Né au début du viiie siècle dans le milieu chiite hostile aux Omeyyades, Jâbir aurait ensuite vécu un moment à Baghdad, dans l’entourage de la famille vizirale des Barmécides, jusqu’à la disgrâce de ces derniers en 803. Réduit à la clandestinité, il serait mort sous le règne d’al-Ma’mûn vers 815. Selon les spécialistes, c’est seulement au xe siècle que le corpus jabirien » est véritablement rédigé en totalité et placé sous l’autorité morale de Ja’far al-sâdiq, imam reconnu par les chiites de la plupart des tendances. [31] Auteur, au xiiie siècle, de l’important traité Science de la culture de l’or. [32] L’œuvre immense de ce savant du xive siècle couvre en fait, selon Pierre Lory, l’ensemble des sciences occultes et représente une vitrine de cette vaste culture souterraine que constitue l’ésotérisme pratique — alchimie, médecine talismanique, magie proprement dite, astrologie — en terre d’Islam ». Pierre Lory, Alchimie et mystique en terre d’Islam, Paris, Gallimard, Folio Essais », 2003, p. 23. [33] Le terme même Al Kimiya » vient de l’arabe. [34] Se pose ici la question de la bipolarité classique de la pensée ésotérique islamique divisée, comme l’explique Pierre Lory, entre le zâhir l’apparent, le sensible et le bâtin le caché, l’implicite le zâhir manifeste ce qui est actualisé, mais l’alchimie est une science du bâtin visant à la découverte des dimensions potentielles en présence. Jâbir explique à ce propos que l’argent, froid et sec, ne devient pas de l’or par la transmutation, car il est déjà de l’or par son bâtin, chaud et humide il est potentiellement, spirituellement » de l’or », Pierre Lory, op. cit, p. 41. [35] Voilà comment Joffrey de Peyrac présente, dans Indomptable Angélique, son combat contre Louis XIV à son lieutenant Jason après avoir coulé la galère amirale du duc de Vivonne. Jason Vous ne finirez donc jamais de vous venger ? » Peyrac Je ne me venge pas Jason… Je fais la guerre au roi de France […]. Ce roi qui accable la France d’impôts pour entreprendre des guerres qui ne servent que sa gloire et qui saignent le peuple […]. Enfin, Jason, je suis contre les galères, contre l’esclavage et contre le pouvoir personnel… » Jason Oui… Mais vous êtes seul ! » Peyrac Non, je suis le premier… » [36] Qui résonne en écho à la disgrâce du surintendant des Finances, Fouquet, en 1661. [37] Le quatrième épisode de la série, Indomptable Angélique, est en partie consacré à cette lutte. [38] Mais aussi ennemi intime » car le roi de France convoite la femme du comte de Toulouse comme le démontrent les trois premiers épisodes de la série et notamment Angélique et le Roy. [39] Dâr al Makhzen, le territoire de l’État. En opposition au pays rebelle, Dâr al Sîba. [40] Le nom de l’ambassadeur Bachtiari pourrait faire référence à la ville de Bactres, ancienne capitale de la Bactriane, qui était la résidence des rois de Perse et la patrie de Zoroastre. Mais aussi aux Baktiars, tribus de Perse ou d’Iran, et au nom du dernier Premier ministre du dernier shah. [41] L’ambassadeur persan, dont les sources françaises ont vraiment gardé la trace, est Mehemet Rezabeg qui n’est venu à Versailles que l’année de la mort de Louis XIV, en 1715. [42] Moulay Rachid a effectivement régné de 1644 à 1672. C’est le premier sultan de la dynastie Alawite. Son successeur est son frère Moulay Ismaïl. [43] Comme le montrent la suite de la scène et le dialogue qui s’instaure entre eux au travers de l’interprète du roi, Saint Amont. Saint Amont Son excellence vous ordonne de la suivre en sa demeure pour prendre une légère collation. » Angélique Il ordonne ! » Saint Amont Oh ! Vous savez moi je ne fais que traduire ! » Angélique Bon ! Dites-lui que je me soumets… » le ton et le regard contredisant clairement l’affirmation. [44] Michel Foucault, Surveiller et punir, Paris, Gallimard, 1975, p. 912. [45] Bacthiari Bey est censé être l’ambassadeur de Nadir Shah 1688-1747, ce qui est chronologiquement impossible car ce dernier n’accède au pouvoir, après avoir détrôné le dernier prince Sofis, qu’en 1736. [46] À l’époque, autre nom de la ville de Mekhnès el zitoun des oliviers, fief de la tribu des Miknasa et ville impériale. [47] Moulay Rachid est un descendant de la famille du prophète, un sharif. D’où le nom d’Empire chérifien donné, encore aujourd’hui, au royaume du Maroc. [48] Pas non plus de symétrie entre le traitement réservé à la chiourme aux proscrits sur les galères royales et celui des esclaves chrétiens dans les matemores caves voûtées où logeaient les captifs des princes musulmans. [49] À noter que ce statut de protégés » est bien évidemment lié à la bonne volonté du prince. La protection peut donc être retirée à tout moment comme le montre Luis Joseph de Sotomayor dans sa Brève relation d’expulsion des Juifs d’Oran en 1669, Paris, Éditions Bouchene, 2002. [50] Pour un point de vue arabe » sur les croisades voir Francesco Gabrieli, Chroniques arabes des croisades, Paris, Sindbad, 1977. [51] Le triptyque marquise/pirate/prince musulman pourrait avoir sa source dans l’histoire de la marquise de Fresnes vendue par son mari au pirate Gendron et dont la réputation sur les mers était arrivée jusqu’aux oreilles d’un Pacha qui souhaitait en faire son esclave. Les Mémoires de la marquise de Fresnes ont paru en 1694. [52] La réale est une galère construite sur les mêmes principes que la trirème antique. Une galère possédait une coque fine et plate, 26 avirons de chaque bord, un gréement de deux à trois mâts ; le tout étant superbement décoré. L’équipage était composé de condamnés la chiourme et parfois aussi d’enrôlés de force. En France, la marine des galères a disparu officiellement en 1748 en même temps que le titre très convoité d’amiral des galères. [53] De l’arabe chabbâk. Bâtiment à trois mâts naviguant en Méditerranée. [54] Les barbaresques, au sens maritime du terme, regroupent tous les prédateurs » musulmans qui pratiquaient la course contre les chrétiens. Leurs vaisseaux qui sillonnaient la Méditerranée de Smyrne à Salé les conduisaient également en expédition sur la terre ferme, lors de raids demeurés célèbres sur les côtes d’Espagne et de Provence. Ils avaient pour habitude de prendre des otages qu’ils monnayaient ensuite à prix d’or ; d’où ce cri de terreur fréquemment entendu à cette époque Maure à la côte ! » [55] Les bénéfices de la course étaient très importants. De 1613 à 1621, 936 vaisseaux chrétiens ont été ainsi ramenés au port d’El Djazaïr et pour les deux seules années de 1615 et 1616, la valeur des prises atteignit trois millions de livres. [56] Autre nom d’Héraklion. [57] Cette vision est contredite par un certain nombre de récits d’esclaves chrétiens. Sur cette question, voir notamment la Relation de la captivité du Sieur Emanuel de Aranda mené esclave à Alger en l’an 1640 et mis en liberté en 1642. [58] À noter que dans le Sud de la péninsule ibérique — qui était encore esclavagiste au xviie siècle — non seulement on baptisait et changeait l’identité des esclaves barbaresques achetés, mais en plus on les marquait au visage menton, front, à la poitrine ou sur les bras, comme du bétail pratique qui n’a jamais eu cours dans le Dar al Islam. Sur cette question, voir Esclavage au féminin femmes maghrébines à Grenade au xviie siècle », in Dalenda Larguèche sous la direction de, Histoire des femmes au Maghreb. Culture matérielle et vie quotidienne, Tunis, Centre de publication universitaire, 2000. [59] L’ordre de Malte a été fondé en 1099. C’est le plus ancien des ordres religieux et militaires nés des croisades. Ses membres portent d’abord le nom d’hospitaliers de Saint-Jean. À partir de 1310, on les appelle chevaliers de Rhodes, puis, en 1530, chevaliers de Malte. Ces derniers portent sur la poitrine une croix blanche à quatre branches égales ou une croix émaillée de blanc, suspendue en sautoir. [60] Au xvie siècle de nombreuses batailles navales ont ainsi opposé les Espagnols et les pirates barbaresques. 1530 l’expédition décidée par Charles Quint contre le beylerbey Kheir-Eddine et commandée par l’amiral Doria est un échec retentissant ; 1541 Charles Quint décide de prendre lui-même la tête d’une expédition — contre le successeur de Kheir-Eddine, Hassan Agha — qui se solde par un carnage une grande partie de la flotte coulée, 12 000 hommes noyés, massacrés ou retenus prisonniers ; 1574 reprise de Tunis par le beyberley Euldj-Ali après que la ville soit tombée, un an plus tôt, sous les coups de l’Armada de Philippe II… [61] Violé par des marins français, ce qui entraîne des représailles immédiates. Entre 1629 et 1634, les pirates algérois s’emparent de 80 vaisseaux et de 1331 marins faisant, au passage, subir au commerce français des pertes qui s’élèvent à quatre millions sept cent cinquante mille livres. [62] En 1815 — soit 15 ans avant la conquête de la ville par l’armée d’Afrique — sept États européens versent encore des tributs annuels au Dey d’Alger pour se mettre à l’abri des pirates algérois. [63] Probablement natif de l’île de Metelin Lesbos. Ayant commencé assez jeune une carrière de pirate, Aroudj Barberousse aurait été capturé, lors d’une bataille navale contre un vaisseau de Rhodes, et vendu comme esclave sur une galère chrétienne. C’est de cette expérience difficile que serait venu son désir de se venger des nasrani. [64] Doublée de la victoire de son frère Kheir-Eddine contre le vice-roi de Sicile, Hugo de Moncade, en 1519. [65] Dans son livre, Histoire de la barbarie et de ses corsaires, 1637-1647. [66] À la fin du xvie siècle, Haëdo parlait déjà de 12 200 maisons soit une population de 60 000 âmes. Diego de Haëdo, Histoire des rois d’Alger et Topographie et histoire générale d’Alger, Paris, Éditions Bouchene, 2002. [67] Sur cette question de la cohabitation, Anissa Barrak, Cités plurielles de Méditerranée. L’indispensable recours à l’esprit de tolérance », Confluences Méditerranée, n° 10, printemps 1994. [68] Diego de Haëdo parle de 25 000 esclaves chrétiens, op. cit. [69] En fait entre les Beyberley, les Pachas et les Aghas de 1518 à 1665 et jusqu’à l’arrivée du premier Dey Hadj Mohamed en 1671. [70] Raïs chef, capitaine de navire. [71] Nom donné aux chrétiens qui ont embrassé la religion musulmane en récitant au moins la bismallah. [72] À noter qu’un des premiers deys d’Alger, Hadj Hussein, arrivé au pouvoir en 1683, était précisément surnommé Mezzo-Morte ». [73] Sur cette question, voir notamment Germain Moüette, Relation de captivité dans les royaumes de Fez et de Maroc 1670-1681, Paris, Mercure de France, 2002. [74] Pour mémoire, ce sont les Romains qui avaient l’habitude de mettre en croix leurs esclaves rebelles Spartacus notamment. [75] Autre exemple de ce type Angélique a été conduite par Osman Ferradji dans le harem du bas » dans lequel elle côtoie une autre esclave blanche condamnée à mort pour adultère. Le dialogue qui s’instaure entre elles est typique de ce que je veux démontrer. L’esclave J’ai été condamnée à mort. Il dit que j’ai été infidèle au roi et pourtant le roi ne m’a jamais connue ! » Angélique Il n’a pas voulu de toi ? Tu es belle pourtant ! » L’esclave C’est le maître du harem, Osman Ferradji, qui n’a jamais voulu me présenter au roi ! » Angélique Pourquoi ? » L’esclave On avait réussi à se rejoindre. C’était un gentilhomme vénitien, captif, comme moi… C’était la nuit, dans les jardins. On est venu et on l’a attaché aux chevaux. Ils l’ont traîné jusqu’à ce que son corps ne soit plus qu’une bouillie de sang ». À ce moment de la scène, gros plan sur le minaret de la mosquée de Miquenez et sur le muezzin qui appelle à la prière. La correspondance entre le sang du chrétien et l’adhan est alors évidente. [76] À l’image du dialogue qui s’établit entre eux après l’incident du tigre. Moulay Rachid a d’ailleurs invité Colin Paturel à manger à ses côtés, ce qui est très significatif. Le sultan Ainsi tu avoues devant mon peuple que tu t’es moqué de moi ! » Colin Tu ne peux pas me tuer, seigneur, le roi n’a qu’une parole… » Le sultan Je t’aime bien Colin Paturel. » Colin Je t’aime bien aussi, seigneur… ». [77] On retrouve le même topos dans une autre scène très signifiante, à Alger, entre le Rescator et l’ambassadeur turc. L’ambassadeur Si votre femme est encore dans cette ville aux mains de Mezzo-Morte vous pourrez tenter de la lui reprendre. En revanche, si elle est déjà en route pour Mekhnès, sous la garde d’Osman Ferradji, vous ne pourrez plus rien et même moi — votre ami —, je ne vous aiderais pas ! » Peyrac Le roi de Miquenez vous inspire tant de crainte ? » L’ambassadeur C’est une question de religion. Le roi est le descendant du prophète. Entre les mains d’Osman Ferradji, votre femme deviendrait celle du roi — c’est-à-dire sacrée et intouchable et vous ne pourriez plus compter sur personne dans ce pays ». [78] L’esclavage des musulmans est interdit en Dâr al Islam. [79] Pour des raisons politiques évidentes, les préférés » des princes musulmans sont souvent des étrangers convertis à l’islam et détestés du peuple. En privilégiant des favoris allogènes, les princes règlent au moins deux problèmes ils évitent leur parenté proche — toujours dangereuse — tout en empêchant en limitant le cadre de la faveur la constitution de lignées concurrentes. [80] Ainsi, à la fin de la scène de l’arène, Moulay Rachid décide brusquement, après avoir été de nouveau provoqué » par son esclave chrétien, de lui couper la tête avec son cimeterre. C’est l’intervention d’Angélique qui évite le drame. [81] Sur cette question, voir notamment Lucette Valensi, Venise et la Sublime Porte. La naissance du despote, Paris, Hachette, 1987. [82] Au Maghreb, le cheval est en effet l’objet d’une véritable vénération matérialisée par la furusiya. Ce mot, forgé par les Arabes, désigne l’ensemble des connaissances théoriques et pratiques qui touchent au cheval hippologie, hippiatrie, dressage et élevage. [83] On peut trouver un autre prototype de l’Arabe » dans Merveilleuse Angélique en la personne de Rodogon l’Égyptien, un chef de bande concurrent de Calembredaine, l’ami d’enfance d’Angélique. Fourbe et malfaisant, Rodogon est aussi menteur et indicateur de police. [84] En islam, l’or est tout à la fois un symbole de richesse, de noblesse et de sophistication. À ce titre, il est tantôt loué et tantôt condamné Le prophète nous a interdit de boire et de manger dans des vases d’or et d’argent » dit Hodzaïfa El Bokhari, TI, tome iv, p. 108. [85] Osman Si vous m’écoutez vous serez bientôt la reine de ce pays et de ce jardin… Ne me fais pas plus attendre, laisse-moi te présenter ! Tu es celle que j’espérais, que j’attendais. Si tu veux, si tu m’écoutes, le roi t’aimera sans te dominer et toi tu l’asserviras par ta beauté. » Angélique Vous rêvez ! » Osman Jamais en matière de politique. Moulay Rachid est un prince d’une force écrasante. Il voit clair, il voit loin, il sait agir promptement. Seulement, c’est un être insatiable qui est en péril de tomber sous l’influence d’une cervelle fragile et mesquine. Si tu l’aides à se réaliser, si tu disciplines ses rêves conquérants alors il pourra accéder au titre suprême de commandeur des croyants. Aide-moi… Aide-moi, je t’en supplie… » [86] Jocelyne Dakhlia, Entrées dérobées l’historiographie du harem », Clio. Histoire, femmes et sociétés, n° 9, Toulouse, PUM, 1999, p. 3755 et Le harem de Mawlay Ismaïl un despotisme exemplaire ? », in Mohamed Kerrou sous la direction de, Public et privé en Islam, Paris, Maisonneuve et Larose, 2002, p. 169176. [87] Alain Grosrichard, Structure du sérail. La fiction du despotisme asiatique dans l’Occident classique, Paris, 1979. [88] Comme le montre ce dialogue entre Osman et Angélique. Angélique Tel serait donc mon sort ! Attendre toute la journée au milieu des disputes de ces femelles le bon plaisir du roi ! » Osman Cet espoir les fait vivre, elles l’aiment ! » Angélique Moi pas ! » [89] Ici, les cervelles fragiles et mesquines » sont représentées par la femme du sultan Leïla Aïcha et par sa favorite. Là encore, on se trouve face à une opposition récurrente qui vise à mettre en valeur l’Occident Angélique est présentée comme unique » par rapport à l’Orient Leïla Aïcha et la kyrielle de femelles » qui sont ses compagnes de harem. [90] Et aussi de leur humiliation à l’image de la scène de vente d’Indomptable Angélique où la marquise de Plessis-Bellière est contrainte de se dénuder pour le bon plaisir des acheteurs potentiels qui sont tous les représentants de grands princes musulmans. [91] D’autant que Bachtiari Bey, l’ambassadeur de Perse, est aussi présenté comme un violeur ». la synonymie des deux scènes tend à prouver qu’on se trouve bien là en présence d’un topos sur la sexualité du prince. [92] Dans une opposition antithétique avec le roi de France comme le montre le dialogue suivant. Le sultan Pourquoi le roi de France ne t’a-t-il pas prise de force ? » Angélique Il avait trop d’orgueil… Il n’aurait eu que mon corps ! » Le sultan Qu’y a-t-il d’autre à prendre ? » Angélique Mon cœur… et mon âme ! » Le sultan Ici, les femmes n’ont pas d’âme. » [93] Comme grand maître du harem du sultan de Miquenez, Osman Ferradji est forcément un eunuque. [94] Comme le précise fort justement Xavier Girard dans sa préface de la Relation de Germain Moüette Le Maroc de Moüette est un pays en pleine action, très éloigné des torpeurs orientales d’un Loti ; un pays en mouvement où les bateaux naviguent, les cales pleines à craquer de cuirs, de raisins de Damas, de cire, d’étain, de laines et de peaux de chèvres, de grains, de chevaux ou de munitions de guerre ; un pays où les dromadaires, des animaux d’une vitesse et d’une légèreté incroyables » s’élancent sur les pistes du désert, chargés de dattes, de plumes d’autruche, d’indigo et d’or en poudre, où les marchands vont à leurs affaires ; où les Révérends Pères arrivent en mission tout boueux et mouillés » ; où les rois gouvernent, font la guerre et punissent », op. cit., p. 16. [95] Ici, c’est surtout le Maghreb qui est concerné. Et notamment l’Algérie et le Maroc. Est-il besoin de préciser que ce sont précisément les deux pays qui ont mené la lutte la plus acharnée contre la France guerre du Rif organisée par Abd el Krim dans les années 1920 et guerre d’Algérie dans les années 1950 ? [96] Méconnaissance qui s’amplifie encore chez les jeunes générations. [97] Le désert, comme lieu de régénération humaine et spirituelle, est un des marronniers » de l’imagerie orientaliste. [98] Joffrey de Peyrac s’est en effet constitué, comme dans un conte des Mille et Une Nuits, son propre harem dans une grotte sous-marine secrète à laquelle on ne peut accéder que grâce à un bathyscaphe. [99] Pour se diriger symboliquement vers le Nouveau Monde ». Écrans & TV Cinéma 3 minutes à lire Publié le 27/12/20 Partager CICC/Fono Roma MyCanal propose dans son catalogue la saga des Angélique… qui a très mal vieilli ! Derrière les mésaventures de la marquise des anges, des clichés effarants sur la femme et un érotisme à la papa qu’on appellerait aujourd’hui la culture du viol. Angélique, Marquise des anges n’a pas commencé depuis plus d’une vingtaine de minutes que sa blonde héroïne Michèle Mercier, la femme d’un seul rôle, ou presque subit déjà l’assaut d’un quarteron de godelureaux, acharnés à l’embrasser de force, en ricanant comme des hyènes en pourpoint Il y en aura pour tout le monde ! » s’exclame l’un d’eux. Réplique ô combien prophétique de 1964 à 1968, en cinq longs métrages et de nombreuses cavalcades, de la Fronde à la cour de Louis XIV, et jusqu’au harem d’un sultan libidineux, la chasse à la marquise » est ouverte. Houspillée, abusée, violentée, fouettée, ligotée, vendue… La très populaire saga historico-sentimentale, réalisée par Bernard Borderie d’après une série de romans d’Anne Golon, ne lésine pas sur les sévices olé-olé. À l’époque, on n’appelait pas encore ça la culture du viol on faisait dans le coquin, le demi-sel, le demi-sein, on déployait les charmes conquérants d’un érotisme à la papa », invitant la France entière à trousser du jupon et à calmer ses frustrations en attendant une imminente révolution sexuelle. La faute d’Angélique ? Elle est belle. Mesdames, messieurs mais surtout messieurs, la morale de l’histoire est simple une jolie fille, c’est une proie. Pour être tranquille, elle n’avait qu’à être moche. La preuve avant chaque saillie indésirable, Angélique écope d’un petit compliment sur ses attraits pousse-au-crime, histoire de bien faire passer le message. Papouilles et pacotille Même l’inoubliable Joffrey de Peyrac Robert Hossein, unique amour balafré et romantique de notre héroïne, lui marque son respect en déclarant Je n’ai jamais forcé une biche aux abois. Jamais. » Merci, vraiment. C’est sympa. D’autant qu’il est expert en papouilles, le Joffrey. Un grand spécialiste du corps féminin, comme il le démontre à sa belle, en tripotant devant elle les courbes d’une statue antique, avec la mâle assurance d’un représentant en électroménager en pleine vente d’aspirateur. Au-delà de l’irrésistible et involontaire comique de cet instant torride par procuration, la scène est révélatrice la femme n’est rien d’autre qu’un bel objet de désir, inanimé et minéral. Angélique a mal vieilli, dans ses affriolantes dentelles cousues sur mesure pour le public d’autrefois, que l’idée de s’amuser » d’une femme huit jours, le temps de la dresser » ne faisait pas sourciller. Que le spectacle simili-colonial des serviteurs noirs de Joffrey oui, il est aussi expert en voyages exotiques déguisés et bariolés comme des perroquets en nettement moins bavards ne choquait pas le moins du monde. Même les nombreuses rébellions et autres sursauts d’indépendance de notre héroïne, qui n’hésite pas à coucher avec qui lui plaît entre autres, voire à traiter les importuns de hannetons » ?, ne parviennent pas, vus d’ici et maintenant, à passer pour une sorte de fougue proto-féministe version Grand Siècle. Quand les femmes régnaient sur Hollywood Hélène Marzolf Relire la “vraie” Angélique Il est tout de même utile de rappeler que ces cinq films aux titres aussi imaginatifs que des albums de Martine pour adultes – Angélique, Marquise des anges 1964, Merveilleuse Angélique 1965, Angélique et le roy 1966, Indomptable Angélique 1967, Angélique et le sultan 1968, disponibles sur MyCanal – ont été tournés très peu de temps mais des millénaires avant la création du MLF dans le sillage de Mai 68. Raison de plus pour remuer encore une dernière ? fois la poussière d’une imagerie obsolète, et de rendre à la vraie » Angélique ce qui lui appartient sa version littéraire, treize volumes bien plus libres et audacieux lire l’article que lui a consacré notre collègue Laurence Le Saux. Mais lorsque l’autrice, Anne Golon, osa critiquer le traitement de son personnage au cinéma, le dialoguiste Daniel Boulanger lui rétorqua, tout en élégance Je vais vous dire qui est votre Angélique une petite putain qui veut se farcir tous les hommes. » Un bon vieux relent de domination masculine, qui s’attarde sous les froufrous du kitsch et de la nostalgie. À voir Angélique, Marquise des anges 1964, Merveilleuse Angélique 1965, Angélique et le roy 1966, Indomptable Angélique 1967, Angélique et le sultan 1968, sur MyCanal. Industrie du cinéma droits des femmes sexisme cinéma français Michèle Mercier Anne Golon Bernard Borderie Robert Hossein Partager Contribuer Angelique Marquise Des Anges Streaming, Streaming avec sous-titres en Français, angelique marquise des Regardez tout le film sans limitation, diffusez en streaming en qualitéAngelique Marquise Des Anges Streaming, Streaming avec sous-titres en Français AngeliqueTitre original Angélique, Marquise Des Anges Film Angelique 08 December 1964 19641964-12-08 N/A Regarder maintenantIn 17th-century France, beautiful country maiden Angélique marries wealthy neighbor Jeoffray de Peyrac out of convenience, but eventually, she falls in love with him. So when Jeoffray is arrested and then vanishes, she bravely sets out to find him. This is the first of many dramas based on Anne and Serge Golon's novels about strong-willed Angélique and her adventures during the reign of Louis XIV, the Sun King. AngeliqueTitre original Angélique Film Angelique 18 December 2013 20132013-12-18 N/A Regarder maintenantThe incredible destiny of Angélique a beautiful girl who found in her love for Joffrey Peyrac the strength to fight injustice and submission in a century plagued by power struggles, inequality and the oppression. Oops, this article couldn't be found!Something went wrong. Mariée de force au comte Joffrey de Peyrac, la jeune et rebelle Angélique accepte mal cette union. Son mari, plus âgé et défiguré mais très riche, n'insiste pas et la laisse apprendre petit à petit à l'aimer. Lorsqu'un vieux complot visant à détrôner le roi Louis XIV refait surface, Angélique est compromise comme témoin et ciblée par les conspirateurs, qui veulent l'éliminer. Le comte se porte à la défense de sa femme, ce qui attire l'attention du roi, qui l'accuse de sorcellerie. Amoureuse et dédiée, Angélique se rend donc à Paris pour organiser la défense de son mari. Synopsis © Date de sortie au Québec 21 mars 2014 Date de sortie du DVD 8 juillet 2014 acteurs réalisateur scénaristes studios Films EuropaCorp France 3 Cinéma Climax Films Mona Film Wilma Film Liens Revues de presse

affiche du film angelique marquise des anges